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court au bout de chaque phrase avec une vivacité charmante. C’est comme un proverbe d’Octave Feuillet joué au cinquième étage par une femme de chambre et un valet de pied, du Feuillet parisien et endiablé. Ou plutôt c’est du Marivaux en livrée, du Marivaux point guindé, décravaté, libre de ton, libre d’allures, un Marivaux qui aurait lu Musset et la Vie parisienne. Et ce même esprit, ce même ton, cette même langue exquise et brève, ce style rapide, si français, si parfait, on retrouve toutes ces qualités rares dans ces articles enjoués et mordants pareils à ceux que Meilhac et Halévy ont donnés tour à tour, l’un et l’autre, à la Vie parisienne et qu’ils ont, au lieu de l’envoyer au journal de Marcelin, apportés au théâtre. D’une plume acérée et délicate, toute parisienne et douée à un degré infini d’un accent de contemporanéité vraiment séduisant, ils ont écrit plus d’une fois, avec Toto chez Tata, avec Madame attend Monsieur, un feuilleton de journal, une nouvelle dialoguée, ce qu’on voudra, et ils ont donné à cette piquante esquisse le nom de comédie. Croquis tant qu’on voudra ! Le croquis est un art, une chose parfaitement exquise et qui souvent rend plus exactement, plus sûrement que l’œuvre