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de Jules Servières (il n’avait pas signé ce prologue étonnant), il se mit à donner presque tous les mois une saynète aux Bouffes-Parisiens. Au mois de novembre il était reçu membre de la Société des auteurs dramatiques et dernièrement, en feuilletant un vieux registre, pendant une des séances de notre commission dont Halévy est vice-président, je retrouvais le procès-verbal de son admission. Trois signatures sur cette feuille et trois fois le nom applaudi d’Halévy, car ses deux parrains étaient son oncle et son père.

« Le 31 décembre de cette même année 1855, à l’ouverture des Bouffes-Parisiens, transportés des Champs-Élysées au passage Choiseul, on donnait Ba-Ta-Clan, de lui et d’Offenbach ; c’était le gros morceau de la soirée. La pièce réussissait et Offenbach (on avait encore nommé Jules Servières), mettait le lendemain d’autorité le vrai nom de l’auteur sur l’affiche.

« C’était précisément le 1er janvier ; — bon jour et bon an ! — et l’auteur de l’Abbé Constantin se rappelle que ce jour-là il courut tout Paris pour voir son nom : Ludovic Halévy ! sur des affiches de théâtre.

« Que de fois, depuis, ce nom y a été imprimé, sur les affiches ! L’auteur dramatique est un des plus fins et des plus aimés de ce temps, d’un temps où le théâtre aura été une des formes souveraines de la littérature. Pourtant il a quitté les coulisses pour le cabinet de travail, la comédie pour le roman. Il y a en lui un observateur qui s’est dégoûté de la scène, mais chez le conteur il y a un auteur comique qui retournera sur les planches, fatalement, un jour ou l’autre. En attendant, il nous y conduit. Criquette, son dernier volume, est une étude de la vie de théâtre. C’est vivant et vécu, comme disent les poseurs ; mais c’est très simple et fort émouvant. »

Qui mieux que lui pouvait écrire ces scènes de la vie de théâtre ? Il a, avec M. H. Meilhac,