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aussi devinaient la mauvaise humeur de leurs Alpins, condamnés à manœuvrer pendant des jours entiers avec ce drapeau les regardant et les narguant de l’autre côté de la frontière.

Lui-même comprenait si bien cet étrange sentiment d’amour-propre hyperthrophié, qu’il disait au lieutenant Bergier :

— C’est absurde, mais ça m’agace !

— Je suis de votre avis ! répondait Bergier. Nous n’avons plus l’air d’être chez nous : le capitaine Salvoni nous surveille !

En marche, Deberle entendait malgré lui, percevait, devinait les paroles gouailleuses des soldats. Ils s’énervaient à la pensée de se voir dominés par le drapeau d’Italie. Ils se demandaient ce qu’on pourrait bien faire pour « répondre ». Parbleu ! en déployer un