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perdu un frère aîné. La même ambulance — qui sait ? — les avait recueillis peut-être.

Deberle, lui, était né à Bayonne, comme beaucoup de ces hommes qu’il commandait, paysans pyrénéens, enfants du pays basque, trempés pour la vie de montagne comme les Piémontais du capitaine Salvoni. Toute la famille de ces Deberle avait porté l’épaulette. C’était une race de soldats. L’aïeul, le père, les oncles, avaient fait, le fusil sur l’épaule ou le sabre au flanc, les campagnes de la République et de l’Empire, les guerres d’Afrique et de Crimée, celles de France aussi. Il y avait plus d’une croix, au ruban jadis rouge, à présent défraîchi, suspendue dans la petite maison de Bayonne où la mère, veuve et seule, priait maintenant pour son fils. Croix