Page:Claretie - La Frontière, 1894.djvu/58

Cette page a été validée par deux contributeurs.

jeunes, vigoureux, entraînés par la saine et rude vie de grimpeurs de sommets. Ils riaient, buvant à leur rencontre fortuite, heureux de cette fraternité d’une heure en plein ciel, presque dans la nuée.

Ils échangeaient leurs noms, leurs impressions, leurs souvenirs. L’Italien était Romain, Romain de Rome, fils d’un ancien combattant de 1849, Salvoni, réfugié en France pendant des années. Il avait, étant enfant, vécu un moment à Paris, et ce Paris lui était resté comme une vision merveilleuse, depuis ces lointaines impressions d’autrefois. Les lieutenants étaient l’un Piémontais, l’autre Napolitain. Le premier, Verga, avait eu son père tué à côté des zouaves du colonel Cler, à Magenta. Et c’était à Magenta aussi qu’un des lieutenants du capitaine Deberle avait