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tile de chaque côté de la frontière et dont le devoir était de s’épier, comme à la veille d’une rencontre. Les Alpins avaient apporté, la plantant sur la ligne idéale, une longue table formée de quelques planches supportées par des piquets fichés en terre, et Italiens et Français l’avaient disposée de façon à ce que le centre en fût exactement placé sur cette ligne même : la moitié en France, l’autre moitié en Italie. Chacun chez soi, et les officiers des Alpini, assis sur des pliants, se trouvaient sur la terre italienne, tandis que Deberle et ses lieutenants s’étaient installés en terre française.

— Une même table et deux patries ! disait gaîment le capitaine. C’est assez curieux !

Une claire lumière enveloppait, sous un ciel doux d’un bleu ten-