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braves gens. Ils font gaiement leur journée rude. Ils donnent l’exemple sans bruit. Bayard, qui fut sans peur, disait qu’il avait cependant senti le froid de l’angoisse un jour qu’il avait ferraillé, dans l’ombre, avec un adversaire dont il sentait et parait les coups sans voir son visage. Eux, les Alpins, personne ne les regarde, que quelque chevrier qui passe. Mais, au-delà de l’horizon, par-delà les monts et les neiges, il leur semble qu’un magnétique regard est fixé sur eux, l’œil maternel de la patrie !

— Il ne faut jamais leur crier en avant, il faut, au contraire, les retenir, me disait, il y a quelques années, le Ministre de la guerre. Ils sont toujours prêts à en faire trop.

Et je me rappelle avec quelle sorte d’attendrissement paternel