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cendant des versants. Toutes ces mâles figures, devenues très pâles, se penchaient sur l’officier étendu là. On le redressa à demi ; avec le corps, le drapeau fit un mouvement. Deberle tenait — serrée dans sa main droite crispée sur la hampe de sapin — l’étoffe qu’il avait saisie… On crut entendre qu’il disait : — « Le premier…, le premier ! » Mais les mots étaient confus, balbutiés tout bas.

Orthegaray, agenouillé, posa sur sa cuisse la tête de l’officier, adossé à lui. Deberle regardait, l’œil hagard, comme étonné de ce qui se passait à la fois autour de lui et en lui, au sourd travail soudain de la vie arrêtée dans un être tout à l’heure entraîné, palpitant et fort. Son front penchait comme alourdi. Le petit filet de sang sur les lèvres devenait de l’écume pourpre.