Page:Claretie - La Frontière, 1894.djvu/159

Cette page a été validée par deux contributeurs.

arêtes nues semblaient de grands géants accroupis dont ces arêtes dessinaient les colonnes vertébrales. À l’endroit où Deberle et ses hommes faisaient halte, la montagne était à pic, surplombant une petite vallée, qui paraissait si étroite de là-haut qu’on l’eût prise pour une crevasse. Et de l’autre côté de cette vallée, sorte de coupure brusque dans le roc, c’était l’Italie. Deberle pouvait croire, l’effet de perspective étant bizarre, qu’en étendant la main il toucherait cette terre qui était une autre terre. Puis reprenant leur ascension, ils contournèrent le mont Perdu et, après une marche d’une demi-heure encore, ils se retrouvèrent, ayant gagné du terrain, au-dessus de cette même brèche béante, les pieds dans la neige et côtoyant le vide.

Tout à coup, s’étant penché au-