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Deberle songeait à ces aventuriers qui ont soif de l’espace, courent et découvrent des mondes, ou à ces farouches qui, nés loups, restent loups, héroïques dans le rang, redoutables en liberté, dans la vie courante. Il se demanda, un moment, si ce fauve échappé n’était pas un espion. Mais non, le déserteur ne songeait qu’à la liberté, à l’aventure.

Vous connaissez le pays ? — demanda Deberle.

— Du côté de l’Italie, oui. De ce côté-ci, non !

— Qui vous a guidé de ce côté ?

— Ce garçon, — fit l’Italien.

Et il montra, assez loin de là, un petit être rabougri qui se tenait à demi caché.

Alors, Deberle aperçut, derrière les soldats, Lantosque, l’innocent rencontré sur l’Alpe, l’errant qui vivait là-haut, aux jours