il a craint sans doute de l’altérer, en le fixant dans des phrases écrites. Il y aurait trop mis de son cœur, pour y pouvoir mettre tout son art. »
Ce fils adoré de ses parents, M. Émile Augier devait le faire, en quelque sorte, revivre dans le discours qu’il prononça, après les éloquentes paroles de M. Rousse et de M. Émile Perrin, sur la tombe de Jules Sandeau.
Discours ? Non. C’était un acte que M. Augier accomplissait là. Jules Sandeau lui avait lu si souvent certaine lettre écrite par M. Sandeau fils, lettre superbe de sentiment, d’émotion et de style, lettre digne de mémoire, que l’ami survivant crut bon et doux à la mémoire de son ami de venir évoquer le cher fantôme du fils devant la tombe du père.
— Il m’a semblé, disait Émile Augier à quelqu’un, que Sandeau eût été heureux d’apprendre qu’on parlerait là de son enfant !
Et l’auteur de la Ciguë n’avait qu’une crainte, c’était de ne pouvoir lire sans larmes cette lettre vraiment faite, pour arracher des pleurs, et que l’on pourrait placer, en vérité, dans les recueils populaires destinés à enseigner à nos enfants le sacrifice et le devoir.
« Je veux, dit Émile Augier, rendre à mon ami un