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Ce don, Jules Sandeau l’eut toujours et le garda jusqu’à la fin. Aimable et aimé, — je répète ces mots qui le peignent — il apportait en toutes choses une séduction particulière. Nous lui devons une des joies de notre vie : il fit, à l’Académie, un rapport sur un de nos livres, le Drapeau, et M. Camille Doucet voulut bien emprunter le jugement de Sandeau pour caractériser nos efforts. Nous ne l’oublierons jamais.

Sandeau avait ainsi du féminin en lui et du charmant. Le théâtre, au surplus, c’est la femme. Dramaturges, dites-moi les femmes que vous avez créées, et je vous dirai qui vous êtes. Eh bien ! comme de vivants fantômes, il me semble que des visions souriantes se penchent au-dessus du dernier sommeil de Jules Sandeau : c’est Mlle de la Seiglière, c’est la fière Renée de Penarvan et, entre elles deux, cette petite bourgeoise aussi fière qu’elles, Antoinette Poirier, qui compte ses quartiers de noblesse au nombre des battements de son cœur. Et elles ne sont pas seules ! Ces vaillantes ont des frères. Le plus attirant peut-être, c’est ce dernier né du conteur si français qui l’aima, notre France, dans sa langue, dans son his-