Page:Claretie - Jules Sandeau, 1883.djvu/25

Cette page a été validée par deux contributeurs.

la Pierre de touche et Jean de Thommeray ? Je ne veux pas le rechercher.

Applaudissons ces chefs-d’œuvre et jouissons-en sans en chercher le secret. Il n’y a qu’un secret, du reste, en eux, c’est l’art de nous séduire et de rester jeunes, frais et purs après des années. Quant à leur histoire même, nous n’en saurons jamais rien. Jules Sandeau n’est plus là pour en reporter le mérite à celui qui survit et qui, s’il parlait, ne parlerait que de Sandeau.

Sandeau, sympathique et doux, apportait à la scène cette bonté qui est pour l’homme comme la beauté morale. Avec lui, le public était mieux que dompté, il était charmé, et, au mâle accent de son collaborateur, l’auteur de Marianna ajoutait comme une grâce et une douceur féminines. Sandeau n’a donné seul qu’une pièce de théâtre, la Maison de Penarvan. Le roman était admirable ; la pièce (et le fait contredit un peu ce que je disais tout à l’heure) réussit peu. À la scène pas plus que dans ses livres, Sandeau, d’ailleurs, ne violenta le succès : il le trouva sans le chercher. Il semblait peu fait, lui, l’homme du rêve, pour l’art spécial et pratique du théâtre, qui vit surtout de réalité.