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de vingt-cinq ans, c’était George Sand, quand ils signaient ensemble, du pseudonyme de J. Sand, cette profession de foi pessimiste : « La vie ? Un méchant livre que je ne voudrais pas relire. »

On a de ces cris amers aux premières déceptions rencontrées, à la première larme bue, puis on s’apaise, on se résigne, on prend la vie pour ce qu’elle est, — une maladie dont on est bien certain de guérir tôt ou tard, — et, quand on a le calme génie d’une George Sand, on devient une aïeule admirable après avoir été une femme inquiète, troublée, désolée parfois ; ou, quand on a l’âme et la bonté d’un Sandeau, on fait de l’existence non pas un livre de révolte et de souffrance, mais un traité de douceur vraie, de résignation souriante et de dévouement aux justes causes.

Ce fut un honnête homme que ce poète du devoir. Toujours il eut je ne sais quoi de juvénile et de bon, une tendresse et une candeur d’âme, sous une apparence de troupier souriant et moustachu.

George Sand ne lui prit point sa vie, comme à Rolla, mais elle lui prit la première partie de son nom. Elle-même a conté l’histoire. « Un