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comme le prétend Zola, l’introduction du naturalisme dans la poésie ? Coppée, que le maître du naturalisme a voulu ranger à toute force parmi ceux qui se rallient à son drapeau, se défend contre un tel honneur et proteste comme un beau diable. Ces tableautins, dont quelques-uns sont exposés, ne se rattachent, en réalité, à aucune école ; ils correspondent à ces scènes de la vie domestique, à ces reproductions de mœurs familières, dans lesquelles ont excellé les Hollandais ; ils ont la finesse de touche, la sincérité, la bonhomie de ces petites toiles que l’on paye à prix d’or, et nous ne découvrons pas pourquoi ce qui est permis à la peinture serait interdit à la poésie. À côté des puérilités, il y a des effets d’une exactitude inouïe, des visions de rues, des impressions de nuit tombante d’une pénétrante justesse. Cette sorte de poésie journalière à certains spectacles urbains, à un coin de boutique, à une allée de jardin public, à un faubourg regardé à une heure de l’année, est rendue avec une étonnante habileté de facture. »


En substituant le mot parisien au mot hollandais je souscris volontiers au jugement de M. Drumont, mais les Humbles et même les Intimités ne donnent qu’une face du talent de Coppée. L’auteur d’Olivier a des élans qui rappellent qu’il est le contemporain de l’auteur de la Légende des siècles, et c’est sur les œuvres complètes du poète qu’il le faut juger.

Il aime et chante les petits, les timides, les désolés, ceux qui traînent sans bruit, obscurément, les plus lourdes chaînes, les parias de