Page:Claretie - Fr. Coppée, 1883.djvu/23

Cette page a été validée par deux contributeurs.

excellent biographe, ami de Coppée, M. A. Chennevière, le poète lui en a voulu parfois à ce Passant ! Il s’irritait d’entendre cette éternelle périphrase de son nom : « l’heureux auteur du Passant » ; mais comme, après tout, il n’est pas ingrat, il lui demande, après bien des années, pardon de ces impatiences :


« Pauvre petit Passant, douce inspiration d’une heure radieuse de mes vingt-cinq ans, pardonne-moi, dit-il quelque part, les minutes d’impatience et de mauvaise humeur que m’a causées bien des fois ton nom malignement prononcé pour déprécier mes créations nouvelles. Tu n’en es pas moins resté l’enfant bien-aimé de ma jeunesse, le rêve d’idéal et d’amour qu’on ne fait qu’une fois dans sa vie, et jamais je n’ai oublié, gentil chanteur d’une nuit de clair de lune, que je te devais cette première récompense du poète, ce premier rameau de laurier qui a fait pleurer de joie ma vieille mère et qui m’a donné pour toujours le courage et l’espérance. »


Dès lors, François Coppée, applaudi, était célèbre, recherché, choyé, et ses vers, qui ne se vendaient point la veille, furent dans toutes les mains. Il eut pour lui, comme jadis Musset, les jeunes gens et les femmes. La princesse Mathilde l’invitait, et ce fut pour aller chez elle que le poète se fit faire son premier habit noir sérieux, « C’était trop beau, nous disait-