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Coppée, sa sœur, j’ai vu un portrait du poète enfant, tout à fait remarquable, très vivant et solidement peint.

Il grandit ; ses parents déménagent encore pour être plus près des collèges. On demeure rue Monsieur-le-Prince, et le futur académicien fait d’exécrables études, comme externe, au lycée Saint-Louis. Il était débile encore et rêveur, flâneur, le petit Parisien qui a si bien exprimé, quelque part, la vie familière de l’adolescent à Paris. La page est embaumée de souvenirs. Coppée la lut, un jour, dans une Conférence applaudie :

« Le vrai Parisien aime Paris comme une patrie ; c’est là que l’attachent les invisibles chaînes du cœur, et, s’il est forcé de s’éloigner pour un peu de temps, il éprouvera, comme Mme  de Staël, la nostalgie de son cher ruisseau de la rue du Bac. Celui qui vous parle est un de ces Parisiens-là. Dans cette ville dont, comme s’en plaignait Alfred de Musset, il connaît tous les pavés, mille souvenirs l’attendent, dans ses promenades, au coin de tous les carrefours. Une paisible rue du faubourg Saint-Germain, dont le silence est rarement troublé par le fracas d’un landau ou d’un coupé de maître, lui rappelle toute son enfance ; il ne peut passer devant une certaine maison de cette rue sans regarder là-haut ce balcon du cinquième, sans se revoir tout petit sur sa chaise haute, à cette table de famille dont les places, hélas ! se sont peu à peu espacées, et où il n’y a plus aujourd’hui d’autres convives que lui et sa sœur aimée, qui l’aime pour tous les morts et