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FLORIAN.

Il va gagner le champ, s’y couche
La patte en Tair et sur le dos,
Ne bougeant non plus qu’une souche :
Sa patte ressemblait à l’épi le plus gros.
L’oiseau s’y méprenait, il approchait sans crainte.
Venait pour becqueter ; de l’autre patte, crac !
Voilà mon oiseau dans le sac.
Il en prit ringt par cette feinte.
Un moineau s’aperçoit du piège scélérat,
Et prudemment fuit la machine ;
Mais dès ce jour il s’imagine
Que chaque épi de grain était patte de chat.
Au fond de son trou solitaire
Il se retire, et plus n’en sort,
Supporte la faim, la misère,
Et meurt pour éviter la mort.

Pas trop de prudence : elle mène à l’inertie Pas trop de philosophie non plus : c’est peine perdue que de consacrer à des spéculations oiseuses notre vie déjà si courte :

Philosophes hardis, qui passez votre vie
A vouloir expliquer ce qu’on n’explique pas,
Daignez écouter, je vous prie,
Ce trait du plus sage des chats :
Sur une table de toilette
Ce chat aperçut un miroir ;