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va mourir, Catherine Bauer est oubliée, Joseph Bertha nous vole une partie de notre émotion ; il n’est rien, le conscrit, à côté de Cambronne et de son sublime crachat. Vous appelez votre livre Waterloo, et vous oubliez le dernier carré !

Mais, pour être juste aussi, il faut remettre l’œuvre à sa date. La France avait alors sur sa tête, suspendue comme un couperet, la guerre. Erckmann et Chatrian ont dit à l’empire, sous l’empire : « Prends garde ! La guerre est impie, et la gloire décevante s’appelle souvent l’invasion ! Eh ! bien, la voici, l’invasion ! » — Aujourd’hui, c’est à un autre empire, l’empire allemand, qu’ils montrent l’infamie de la conquête, l’iniquité de ce vol des corps et des âmes, l’inutilité de cette confiscation d’une terre qui déteste le vainqueur. Des patriotes tels que les auteurs des Vieux de la Vieille ne poussent pas de cris dans la rue, mais ils ont souvent des nuits blanches où ils songent à la flèche rouge de la cathédrale de Strasbourg. Chatrian habite Paris, mais Erckmann, là-bas, dans les Vosges, regarde parfois, à travers des larmes, nos petits pantalons rouges faire l’exercice, à l’ombre du drapeau aux trois couleurs.

Ah ! les braves gens que ces poètes de l’Al-