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romanciers remportaient au théâtre, mais citait la plus grande bataille qu’ils eussent livrée. Le Juif Polonais, représenté sur le petit théâtre de Cluny en 1868, avait réussi par je ne sais quel charme magnétique et plein de mystère, le charme des contes de l’Illustre Docteur Mathéus. L’Ami Fritz plaisait, séduisait par la simplicité exquise des romans intimes. Ces braves gens bien portants, buvant de bon cœur et mangeant de bon estomac, consolaient des anémies courantes. « Donnez des enfants au pays ! » disait hardiment le vieux Rebbe à une nation que la dépopulation ravage. C’était, comme bientôt les Rantzau (1882), — ce drame de famille qui est comme Roméo et Juliette arrangés à la Kotzebüe, — le succès des doux romans de mœurs. Les auteurs se réservaient de porter plus tard au théâtre leurs inspirations militaires, Madame Thérèse, et, sous ce nouveau titre : Masséna, ce drame de la Guerre qui, du temps de l’empire, fut interdit par la censure.

Là encore, ils montreront, comme dans leurs romans, les infamies de la guerre. Alfred de Vigny a dit le mot, le mot définitif, dans son maître-livre, Servitude et Grandeur militaires. « Sait-on de combien d’assassinats se compose