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du Raincy, après le repos, devant ces tableaux qui représentent des épisodes de leurs romans militaires, il faut les entendre élevant leurs verres, chanter naïvement leurs refrains patriotiques alsaciens ! Des larmes montent à leurs yeux, leurs voix tremblent d’émotion. Ils chantent pour eux-mêmes, comme, étant enfants, ils chantaient à Phalsbourg les vieux refrains de 1814 et 1815. Ils pleurent, et ce sont ces larmes amères qui ont passé dans leur encre et qui donnent tant de saveur à ces récits de guerre où l’on entend comme les sanglots de la patrie mutilée.

Lorsque ces accusations éclatèrent, — au lendemain surtout de la publication de l’Histoire du Plébiscite, livre violent et dur, — le public de la Comédie-Française répondit en saluant les noms des auteurs de l’Ami Fritz par un tonnerre de hourras. On se rappelle avec quelle affirmation vaillante M. Got vint jeter à la foule ces noms déchirés la veille par les polémiques : « La pièce que nous avons eu l’honneur — il appuyait sur ce mot l’honneur et la salle lui en sut gré — l’honneur de représenter est d’Erckmann-Chatrian ! »

Ce n’était pas la première victoire que les