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tage cette note fantastique qui avait fait le succès du premier ouvrage. MM. Erckmann-Chatrian avaient d’ailleurs bien compris ce que pouvait être, pour des Français — et pour des Français de ce temps-ci — un conte fantastique. Leur merveilleux était pour ainsi dire un « merveilleux naturel. » Ils cherchaient et trouvaient leurs surprises dans cette source de tous les étonnements qui s’appelle la Nature. Les problèmes du sommeil et du rêve, du magnétisme, de la catalepsie, de la divination et de leurs effets morbides les attiraient, les préoccupaient et les inspiraient singulièrement. Mais à les voir accumuler les surprises et les bizarreries, on pouvait croire que viendrait un temps ou les auteurs se lasseraient, ou lasseraient leurs lecteurs. Sans doute M. Erckmann et M. Chatrian pensaient de cette façon, car, un beau jour ils laissèrent là quasi brusquement leur ancienne manière et se lancèrent dans le roman réel et patriotique, avec le Fou Yégof, épisode de l’invasion de 1814.

Essayons, avant de nous séparer de leurs premiers romans, de les caractériser un peu. Ils ont tous entre eux un grand air de famille et sont compatriotes et parents. Tous habitant le