Page:Claretie - Erckmann-Chatrian, 1883.pdf/20

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Des récits bizarres, — de ceux que les deux collaborateurs avaient, à leurs débuts, publiés dans le Démocrate du Rhin, — des nouvelles originales où se mouvaient, comme dans une pénombre, des créatures falotes, des êtres doués d’une vie singulière, quelque chose de capiteux et de magnétique, une sincère étude de la vérité scientifique unie à un goût prononcé pour la chimère, un mélange de réalisme et de fantaisie ; tout cela contribua vivement à fixer l’attention et à éveiller la curiosité. Après avoir lu l’Auberge des Trois Pendus, l’Araignée crabe, l’Esquisse mystérieuse ou l’Oreille de la Chouette, on se demandait, intrigué, d’où sortait ce nouveau venu qui contait comme le revisionnaire du Chat Mürr ou comme l’auteur de Pater Schlemyl.

Ce « nouveau venu » était une raison sociale. Nous nous amusions, en ce temps, à écrire, à propos d’Erckmann-Chatrian et des frères de Goncourt : « Les deux romanciers peut-être les plus remarquables de ce temps sont quatre. »

Émile Erckmann, de Phalsbourg, et Pierre-Alexandre Chatrian, de Soldatenthal (Meurthe), s’étaient donc unis pour braver la fortune littéraire, et ils avaient marché comme