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son Z. Marcas ; ce nom d’Erckmann-Chatrian, aujourd’hui en pleine lumière, on put le voir pour la première fois, vers 1859, sur la couverture jaune d’un livre de contes : l’Illustre Docteur Mathéus, publié par l’éditeur Bourdilliat, à la Librairie Nouvelle. Le livre eut du succès. Il y avait longtemps qu’on n’avait lu de récits fantastiques. Ce mélange d’Hoffmann et d’Edgar Poë fit l’effet d’un mets exotique dans un repas à la française. Un peu de haschisch ne déplaisait point alors, après le ragoût normand et le cidre de Madame Bovary. On se mit donc à lire le Docteur Mathéus. C’était l’amusante histoire d’un original d’outre-Rhin, sorte de Don Quichotte allemand chevauchant à travers le monde, suivi de son écuyer Sancho qui se nommait Coucou Peter. Le maigre profil du chevalier de la Manche est tellement attirant qu’il porta bonheur à ce Quijote en houppelande, coiffé du tricorne germanique. Mais ce ne fut pas le Docteur Mathéus lui-même qui assura la fortune du livre. MM. Erckmann-Chatrian lui avaient donné une escorte de contes et de nouvelles véritablement curieuses, attachantes, étonnantes, qui surprirent et charmèrent.