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vateur, le peintre de mœurs modernes, n’a pas le droit de se soustraire. À la campagne, l’espace est vaste, l’air libre, le temps long, et, disposant à son gré de sa personne et de ses heures, on a surtout la sécurité de cette indépendance, la sensation d’être bien seul avec son idée. C’est une ivresse de pensée et de travail. »

L’été donc, il va à Champrosay chercher du repos, du soleil, des fleurs et des arbres verts. Il s’étend parfois dans un canot et songe, comme dans l’herbe, son sous-préfet aux champs. Il y a aussi les voyages. En 1881, il allait demander de l’oxygène à la Suisse, avec le peintre Joseph de Nittis. Il en rapportait même le projet d’un roman satirique ou les hôteliers de Suisse, — Guillaume Tell tarifiant ses quartiers de pomme, — devaient être aussi raillés que les inflexibles de Tarascon. Mais peut-être a-t-il abandonné ce projet pour écrire le doux roman du foyer, de l’honneur et du bonheur bourgeois, avec ce livre annoncé sous le titre de Trousseaux et Layettes.

Point banal, en réalité, dans sa bienveillance aiguisée, M. Alphonse Daudet a, dans les lettres de ce temps, une situation hors de conteste, et les nouveaux venus, ceux-là mêmes