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l’homme du midi arrivant à Paris et s’y grisant de parisine, promettant tout à tout le monde et ne tenant, auprès de sa femme, rien de ce qu’il avait juré. Avec cela, un mépris de poète pour la politique et les politiciens. La revanche de l’esprit libre sur la pose officielle !

Je l’arrêtai dans son récit. J’avais peur de voir surgir dans l’amicale causerie l’idée même du roman que je caressais de mon côté.

— Diable ! m’écriai-je, mais c’est mon livre !

— Allons donc ! il n’est pas méridional, ton ministre ? me dit Daudet.

— Non.

— Il n’est pas ministre de l’instruction publique ?

— Non, il est ministre de l’intérieur.

— Il ne pourrait pas s’appeler l’Homme du midi, comme j’ai failli baptiser le mien ?

— Non, il pourrait plutôt s’appeler le Ministère, comme l’a dit Jules Levallois. Je ne fais aucun portrait et ne songe à personne. Ce que je vise, c’est surtout la politique, la politique et le ministère, cet enfer pavé de bonnes intentions.

— Et moi, c’est le méridional, le Midi, le Latin, qui a une nouvelle fois conquis la