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délicates. L’auteur de la Double conversion rêvait les succès du théâtre, les chaudes soirées de bataille. Il écrivait pour le Vaudeville le Frère aîné, puis le Sacrifice. D’une de ses Lettres de mon moulin il tirait les cinq actes de l’Arlésienne, pour Fargueil, décidée à jouer un rôle de mère. On fut injuste pour cette touchante idylle provençale coupée brusquement par un dénouement tragique et où Mlle  Bartet, qui débutait, portait gentiment le fichu et la coiffe des filles d’Arles.

Daudet s’en consolait en poète : il avait entendu la farandole de Bizet.

« Ce qui m’a surtout séduit dans ma pièce, nous disait-il un soir, c’est qu’en me promenant dans les coulisses du Vaudeville et en coudoyant tous ces costumes de là-bas, je me croyais sous les oliviers de mon pays. »

Encore aujourd’hui, il conte spirituellement, avec une bonne grâce amusante (c’est un causeur délicieux que Daudet), ses mésaventures d’auteur dramatique et comment, à l’Ambigu, le soir de la première de Lise Tavernier, en mettant le pied sur la scène, derrière les décors, il aperçut un des fils de Mme  Marie Laurent et lui demanda, anxieux :