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tireurs brillants, il se plaît à « faire assaut. » Il n’est point, comme tant d’autres, le servile flatteur de la foule ; il a la prétention de la diriger. Quelquefois il rencontre de dures résistances. Diane de Lys, son chef-d’œuvre peut-être, qui n’est qu’un fait, va au pinacle ; la Femme de Claude, qui est une thèse, succombe en se heurtant à la surdité générale. Peu lui importe. Il se relève, ramasse son fleuret et continue son escrime étincelante.

On connaît son esprit au théâtre : il aime les mots et les lance comme des grenades. De même, sa conversation est un feu roulant de traits, une merveille d’humour, de vivacité, de vie. Son genre d’esprit est volontiers cruel, il a des éclats et des scintillements d’acier. On dirait d’une lame de scalpel se jouant dans un rayon de soleil. Et pourtant cet homme qui connaît si bien les hommes ne les déteste pas. Il n’a point de haine. Serviable, bon de la vraie bonté, celle qui n’est point de la banalité fardée, il a toujours un conseil tout prêt et un coup d’épaule énergique pour un ami.

Attristé de bonne heure, au surplus, par la splendide et inutile prodigalité de cet admirable, de cet inépuisable génie qui fut son père,