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francs, il y a dix-huit ans, il y a trouvé en 1866 un succès éclatant, et cette fameuse gloire argent comptant dont parlait Alphonse Rabbe.

Qui croirait cependant que ce moraliste au style précis, acéré, presque scientifique, a débuté par un livre de vers ? Je dirais volontiers que, comme tant d’autres, il a chanté avant de penser, s’il n’y avait dans ce volume de poésies tantôt cavalières, tantôt élégiaques, une « pensée » au contraire, et, à proprement parler, la pensée même, à l’état embryonnaire, instinctif, inarticulé, des œuvres les plus récentes de l’auteur. Comparez, en effet, dans ce livre, rare aujourd’hui, très recherché des bibliophiles et qui porte ce titre, Péchés de Jeunesse, telle pièce, intitulée l’hôtel-Dieu, à la tirade de Camille Aubray dans les Idées de Madame Aubray, racontant l’agonie désespérée des filles-mères au fond des salles à rideaux blancs de l’hospice, et vous serez frappé de rencontrer déjà l’idée de l’homme devenu un maître dans les premiers vers de ce débutant.

Lorsqu’il le publiait, ce livre, Alexandre Dumas fils avait déjà suivi le convoi de celle qui s’était appelée sur terre Marie Duplessis, et qu’il allait rendre désormais célèbre sous le