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qu’il laisse Hégésippe Moreau mourir à l’hôpital. Édouard Pailleron a triomphé du préjugé et ce n’est pas le moindre de ses succès.

Succès brillants, emportés par une sorte de sympathie joyeuse et un mouvement quasi électrique. Succès bien français, sans boursoufflure et sans phrases. Succès de bonne comédie et de raillerie sans fiel. Et succès bien gagnés, laborieusement et loyalement. L’homme qui, toujours respectueux de son art, n’a jamais donné au public une œuvre que lorsqu’il la croyait achevée, le poète qui n’a pas rougi d’avoir des idées, du sentiment et de l’observation, de la vie enfin, au moment où tant d’autres se contentaient de la rime, l’écrivain dont la personnalité est si nettement marquée dans ses écrits que lire ses livres ou écouter ses pièces c’est réellement l’entendre causer ; ce Français, en un mot, de bonne race gauloise, avait depuis longtemps son fauteuil marqué au meilleur rang de l’Académie française.

L’Académie l’a nommé il y a quelques mois ; il y a des années que la critique l’avait choisi et que le public l’avait élu. Maintenant, à l’heure où j’écris, Pailleron achève son dis-