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d’accord avec sa réflexion. Il a analysé « le monde où l’on s’ennuie », après « le monde où l’on s’amuse. » Il analysera, demain, le monde politique et donnera ensuite, très probablement, certain drame historique en vers sur les Camisards dont il nous a plus d’une fois parlé. À peine une pièce est-elle achevée qu’il songe à la pièce suivante ; il a le mal du mieux ; et un succès, quelque brillant qu’il soit, n’est pour lui qu’un coup d’éperon vers un succès nouveau.

Du reste, Pailleron n’est pas seulement un auteur original sur la scène mais dans sa façon d’être littéraire. Jamais, par exemple, il n’a assisté à la représentation d’un de ses ouvrages ; il souffrirait trop de la moindre défaillance dans le rendu. Ingénieusement téméraire et prudemment hardi, il n’a jamais eu un collaborateur et jamais demandé un conseil à personne. « À quoi bon lire ses œuvres à quelqu’un ? dit-il. On fait ce que l’on fait et l’auditeur vous répond en vous disant ce qu’il eut fait, lui ; or il ne peut pas être à votre place, sentir et penser comme vous. »

En un mot, Édouard Pailleron est un opiniâtre, comme l’a appelé Pierre Véron. Et