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au combat et être armés d'une toute autre manière que lorsqu’ils n’avaient affaire qu’à des machines de guerre moins puissantes et qui n’avaient pas une si longue et redoutable portée. CharIes V, en agrandissant et en embellissant le Louvre de Philippe-Auguste, lui donna peut être un aspect moins guerrier ; renfermé par ce prince dans les murs de Paris, son importance comme château fort n’était plus la même, et craignant moins les attaques, il n'avait plus besoin d'être autant sur la défensive. Et d'ailleurs Charles V conserva la plus grande partie des fortes constructions de Philippe-Auguste, et entre autres la célèbre et formidable grande tour, l’effroi des grands vassaux qui en relevaient et qui, plus d'une fois, y subirent une dure prison lorsque, félons envers leur roi, ils manquaient à leur serment de fidélité. Peut-être trouvera-t-on, ainsi que l’ont pensé plusieurs de nos meilleurs architectes, qu'il est survenu quelque heureuse idée la restitution de cet antique Louvre, et que si je ne saurais prouver, d’une manière positive, qu'il était teI que je le présente, avec ses tours, ses tourelles et ses porteaux, on ne pourrait pas, d'un autre côté, fournir des preuves irréfragables qu'il était tout autrement. En pareil cas, ce qui est vraisemblable ne peut il point passer pour plausible ? Après Charles V et Charles VI on perd souvent de vue le Louvre jusqu'à François 1er et Henri II, qui, secondés des architectes du plus grand talent, et profitant de toutes les élégantes inspirations qui avaient animé les arts depuis leur renaissance, y firent de si grands changemens, que le Louvre prit un tout autre aspect, et qu'il perdit tout à fait celui d'un château fort. François 1er fit même disparaître, en 1527, la grande tour. Cependant, tout en agrandissant ce château et en en faisant un palais, en le décorant de toute la richesse de l'architecture et de la sculpture, il est presque positif, et peut être trouvera t on que je le prouve, que Pierre Lescot respecta la plupart des antiques et solides fondations et des murailles de Charles V, et même de Philippe Auguste. Je pense même que, sans craindre de se tromper, on pourrait croire que des salles actuelles du Louvre renferment et recouvrent de très fortes murailles et des constructions circulaires, restes des murs et des tours du premier Louvre du IXe ou du Xe siècle.

Nous verrons aussi, et personne n'avait pensé à cette particularité curieuse que m'ont fait trouver les rapprochemens de mesures, que le [XLVII]