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en peinture, les monumens, on peut en connaître les personnages et leurs époques avec au moins autant de certitude que la plupart de ceux des Grecs et des Romains. Ce qui peut offrir quelque garantie pour l'authenticité de ces portraits de rois et de reines de l’Egypte, et doit leur mériter le droit de prendre place dans l'iconographie, c’est de voir que la tête du personnage, dont les hiéroglyphes retracent le nom, présente toujours les mêmes traits sur les divers monumens qu’il éleva ou qui lui furent consacrés, ce qui montre qu’on en conserva religieusement le premier type, et qu’il servit aux copies qui en furent faites. On retrouve même souvent une sorte de ressemblance entre le père ou la mère et le fils, ce qui parle en faveur de l’opinion que ce sont des portraits. Il y a même des variétés de physionomies et de caractères nationaux et spécifiques de conformation de têtes et de profils entre les figures de différentes races, et l’on ne peut s’y méprendre en comparant les têtes des Pharaons de race égyptienne avec ceux des conquérants éthiopiens, qui offrent un caractère particulier, et où l’on retrouve tout à fait le type de certaines races nègres. Et d’ailleurs quand il ne serait pas prouvé, d’une manière incontestable, que ces figures retracent les portraits parfaitement exacts des souverains dont ils portent les noms, ne suffit-il pas qu’ils aient passé pour tels, pour être dignes de trouver une place dans une iconographie ? N'y fait on pas et n’y a-t-on pas fait entrer de tout temps des têtes qui ont toujours été connues pour être de convention, telles que celles d'Homère, de Lycurgue, de Romulus, de Numa et de tant d'autres qui appartiennent à des époques où, en Grèce et à Rome, les arts, à peine dans l'enfance, eussent été hors d'état de tracer un portrait avec quelque exactitude, et où depuis ils n'ont pu être reproduits, d'après des traditions, que de la manière la plus incertaine. Nous n’avons, de ces anciens temps de la Grèce et de Rome, aucun ouvrage qui pût autoriser, d'après la manière dont il serait exécuté, à regarder ces têtes comme de véritables portraits. Mais les anciens, tout en en reconnaissant la fausseté, les ont admis comme pouvant offrir une idée de ce que la tradition avait transmis sur ces célèbres personnages. Il est donc permis et nous devons même en agir ainsi pour ceux de l’Égypte, et l'on y est d'autant plus fondé, qu'à l'époque de ses anciens Pharaons, il n'en était pas de cette contrée comme de la Grèce au temps d'Homère et de Lycurgue. [XXXVII]