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Rome par l’abbé Barthélemy et Oberlin, ou par les antiquaires qu'ils ont consultés, peuvent se ranger parmi les hyperboles les plus extraordinaires qui soient jamais sorties de la tête exaltée d'un voyageur. L’on voit donc que si j'avais trouvé partout les facilités que j'avais droit d’espérer, je pouvais aisément parvenir à faire entrer dans mon recueil toutes les statues de l’Europe, et que c’eût été, comme on pouvait et l’on devait s’y attendre, un véritable musée européen.

Mes planches présentent, au reste, une telle quantité de statues de tous les degrés de beauté, depuis les chefs-d’œuvre jusqu’à des figures très-ordinaires, qu’on ne s’apercevra guère qu'il en manque quelquesunes parmi ces dernières. Elles ne seront regrettées que par ceux qui leur ont défendu de paraître. On peut, en effet, être certain que les statues dont je n’ai pu parvenir à me procurer les dessins, et que je ne tenais à avoir que pour être complet, ne sont pour la plupart que des figures de peu d’importance. Très bien dans de petites collections, ou n'y nuisant pas, elles ne seraient que peu remarquées dans un grand musée, et probablement je ne les aurais pas admises si je m’étais borné à publier un choix, même considérable, de belles statues. D’ailleurs pour qu’on sache jusqu’à quel point l’on doit porter ses regrets, je ne manquerai pas d'offrir une liste des statue dont il ne m’a pas été possible d’obtenir les dessins. L'on verra qu’en fait, en nombre et en qualité, ce n’est que peu de chose auprès de celles que reproduira ma collection.

Il serait fort agréable pour les antiquaires et pour les amateurs, qu’en se présentant, chacune de ces nombreuses statues pût nous apparaître telle que jadis elle était, au sortir du marbre ou du bronze, et que, nous apportant tous ses titres, elle se fît reconnaître à ses traits, à son caractère et d’après ses attributs. Abrégeant nos recherches et les rendant plus sûres, elles nous apprendraient une foule de choses qu’on est avide de savoir, qu’on vous demande sur leur patrie, leur nom et leur auteur, et auxquelles, pour l'ordinaire, on est fort embarrassé de répondre. Il n'en est malheureusement pas ainsi ; le temps, jaloux de nos plaisirs, ne nous a laissé souvent à interroger que les débris des productions de l’art qu’il a flétries et mutilées, et qui, pour la plupart, ne nous disent que bien peu, nous laissent tout à deviner sur ce qu’elles étaient lors de leur intégrité et de leurs succès. Il est bien peu de statues qui ne portent les tristes [XXVIII]