on encore un tel pouvoir à la jettatura ! ! ! Quant au musée royal des Studii à Naples, regardez tant qu'il vous plaira cette admirable collection ; mais si vous voulez dessiner, ne vous adressez qu'à ce qui a déjà été publié par l’académie d’Herculanum ou par ses privilégiés ; et l’on sait que malheureusement cette docte académie n'use que rarement de ses droits, et que le monde savant ne jouit que de loin en loin des résultats de ses précieuses recherches. Ses archives regorgent de dessins de monumens du plus haut intérêt, qui feraient la joie d’une foule de savans et d’artistes, et qui verront le jour, Dieu sait quand ! Quelques générations d'académiciens passeront avant que ces dessins puissent sortir de ce tombeau, où ils sont bien mieux cachés que sous terre. Si les dessinateurs jouissaient encore à Naples de la liberté pleine et entière qu'ils n'y ont connue que pendant quelques années, et à laquelle j'avais été assez heureux de beaucoup contribuer, il y aurait longtemps que toutes les antiquités condamnées rester inédites et ignorées seraient publiées, et qu'en enrichissant nos recueils elles auraient ajouté à la gloire archéologique de ces belles contrées qui leur ont donné le jour, et dont le sol protecteur les a conservées. N’est-il pas embarrassant pour le conservateur d'un musée des antiques tel que celui du Louvre, où tout Ie monde dessine bien ou mal tout ce qu’il veut et sans contrôle, d'être obligé, aux Studii de Naples d’avoir recours à la ruse, comme pour commettre une mauvaise action, lorsqu’il désire faire dessiner des statues à l'index, c’est-à-dire inédites et réservés aux oubliettes de l’académie d’Herculanum ? Et cependant c’est ce qui m’est arrivé, et j’avoue sans honte le larcin. Il y a quelques années, le dessinateur qui travaillait pour moi dans ses moments de loisir à Rome et à Naples, M. Féron, l'un de mes grands prix de peinture, eut assez d'adresse, sans compromettre ni tenter la fidélité des gardiens, pour les tromper et pour copier soixante et dix-huit statues inédites dont il lui avait été interdit de tracer le moindre croquis. La prise était bonne, la contrebande juste, et nous nous en félicitâmes en faveur de mes souscripteurs.
Comment les savans et les peintres napolitains ne mettent ils pas leur gloire à faire connaître les trésors qu’ils possèdent, et dont les enrichit sans cesse et avec profusion une terre si fertile en beaux restes de l’antiquité ? Ne les a t elle conservés dans son sein et ne les [XVIII]