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les statues antiques, du moins celles qui n'ont pas été publiées, privilège exclusif que se réservent quelques corps savans qui n'en profitent jamais. Leurs générations passent et meurent sur leurs trésors sans en jouir, et bien plus encore, sans en laisser jouir ! Autant vaudrait, pour ainsi dire, qu'ils fussent encore enfouis sous terre, mais ailleurs : on pourrait espérer que des fouilles heureuses les feraient découvrir, et que, rendus au monde, ils deviendraient le partage de pays moins jaloux et qui en laisseraient mieux profiter la république des arts. A Paris, musées, bibliothèques, tout est ouvert ; on n’a rien de caché pour ses amis, ni même pour ses ennemis ; les académies royales, les corps savans, les personnes attachées à ces magnifiques et célèbres institutions n'y jouissent d'aucun privilège ; dès qu’on s’y présente, on n’est plus étranger, et tout le monde y peut travailler comme en famille. Ce sont des richesses en commun ; chacun selon son talent, y a sa part, et la meilleure est pour l'esprit et le savoir, de quelque pays qu'ils nous arrivent. Nos musées et nos bibliothèques ne connaissent pas de nations étrangères ; tout le monde y est Français. Ce qui est inédit comme ce qui a été publié cent fois, tout est à votre disposition, tout est à vous. Heureux celui à qui sa bienveillante étoile fait découvrir le premier quelque chose de nouveau ; c'est son trésor, et sans droit pour personne ; c’est bien à lui en propre : nul n’a rien à y réclamer, et il peut à sa volonté, et sous la forme qui lui plaît, faire part de sa bonne fortune au public. Cette généreuse communication de tout ce que nous possédons offre de grands avantages aux arts, et chacun peut s'efforcer, en toute liberté, de porter à sa perfection ce que d’autres ont la faculté d’étudier et de publier en même temps que lui.

Il en est à peu près de même en Angleterre : les établissemens en faveur des arts, le Musée britannique, celui d'Oxford, la plupart des collections particulières, offrent des secours abondans et faciles, et, comme en France, être étranger est un titre qui vous fait ouvrir les portes et plus grandes et plus vite. Je ne saurais résister à témoigner ici toute ma reconnaissance de l’accueil plus que bienveillant que j’ai toujours reçu au Musée britannique, où j’aurais pu me croire tout à fait au Louvre. Je n’ai aussi qu'à remercier, pour les facilités qu’ils m’ont offertes, en 1833, pour voir, étudier et faire dessiner les statues de leurs belles collections, lord LANSDOWNE et sir WILLIAM [XIV] HOPE,