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que certains dieux de l’Olympe, une seconde fois à la vie. Ce n'était pas seulement de simples statues, du marbre, du bronze que voulait François 1er pour orner ses vastes palais et ses jardins, c’étaient des chefs-d’œuvre qu'il lui fallait, et de ces statues dont l'ltalie ne devait se séparer qu'à regret. C'étaient là de véritables et de brillantes conquêtes pour la France, où elles venaient répandre le goût des arts, des belles choses, et allumer ce feu sacré dont paraissaient encore tout ardens les chefs d'œuvre des anciens. Ce fut vers cette époque quo l’on fit en Italie, et surtout à Rome, des fouilles nombreuses et très productives, et le nombre des statues, très peu considérable à Rome lors de la première liste qu'en dressa l'AIdroandi dans son ouvrage de 1556, montait à plusieurs centaines en 1562, lors de la seconde édition. Aussi François 1er et Henri II, secondés dans leur utile magnificence, et bien servis par le Primatice, Benvenutto Cellini et d'autres artistes, réunirent ils un grand nombre de belles statues qui, après avoir orné Fontainebleau, Versailles et divers palais, sont venues au Louvre fonder le Musée royal ; et cette colonie de dieux et de héros, peu nombreuse d'abord, mais bien choisie, s'est successivement accrue et a été portée au point où nous la voyons aujourd'hui. Ce fut surtout par l'heureuse acquisition de la magnifique collection rassemblée pendant plusieurs siècles dans le palais et la villa de la maison Borghèse, et achetée par l'empereur, que le Musée vit tout à coup ses richesses augmentées, d'une manière tout à fait royale, des monumens les plus importans en statues, bas reliefs, bustes et inscriptions. Quand il n'aurait été riche que de l’ancien fonds du domaine de la couronne, accru de la collection Borghèse, il se serait présenté sur la même ligne que les plus beaux musées de l'Europe. Mais la conquête de l'Italie avait enrichi le Musée d'une foule de chefs-d'œuvre qui l’avaient mis hors de pair et l’avaient élevé au comble de sa gloire ; cette gloire se serait à jamais soutenue avec le même éclat si notre sagesse et notre bonheur eussent égalé notre courage ; mais la victoire, si longtemps fidèle, fatiguée de nous suivre, ramena au Vatican et au Capitole les dieux et les héros, qui depuis quelques années en étaient exilés, et qui n’y sont peut être pas plus utiles aux arts que dans la nouvelle patrie qu'on leur avait fait adopter. On ne saurait oublier ni passer sous silence que, lors des désastres du Musée, ce fut à la chaleureuse [XI]