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cher d'intervertir l'ordre des idées, de produire le moderne avant l’antique, et de parler des enfans avant de m'occuper de leurs pères. C’était certainement un inconvénient qui ne m'échappait pas plus qu'à tout autre ; mais il ne me parut pas assez grave pour me détourner de mon projet. Je ne suis même pas persuadé que j’aie eu tort de le suivre ; et il me semble très naturel de parler du contenant avant de s'occuper du contenu. En géographie, n’est il pas question d'une province avant de décrire les villes, et des villes avant d'en offrir les monumens ? ce que, cependant, on ne peut pas pousser trop loin et avec trop de rigueur, car, pour la moindre chose, on commencerait par décrire l'univers. Je pensai d'ailleurs que l'intérêt des matériaux que j'avais à présenter plaiderait en ma faveur et me justifierait. On me pardonnera de n'ouvrir nos galeries, et de n'y montrer notre assemblée de dieux et de héros, qu'après avoir fait parcourir le palais dont nos riches salles ne sont qu’une brillante partie. Aussi n'ai je rien négligé pour que mes planches offrissent la promenade du Louvre la plus complète et la plus variée ; et j'ose espérer qu’aucune des parties que l'architecture, la sculpture et la peinture ont enrichies de leurs prestiges, ne s’est soustraite à mes recherches et à celles des artistes qui les ont si bien reproduites par leur crayon et leur pointe. Car, ne me contentant pas des détails de l'architecture et de la sculpture que nous offre le Louvre depuis François 1er jusqu’à nos jours, comme un résumé des talens d'un grand nombre de nos meilleurs artistes, qui ont empreint leurs caractères divers sur ces riches murailles, archives des arts de plusieurs siècles, je donne encore toutes les peintures dont, depuis la minorité de Louis XIV, ont été ornées nos salles de sculpture. Ces salles, brillant sous tant de rois, ont été témoins de tant d'événemens, des sages conseils de Charles V, des fêtes et des tournois de François 1er, de Henri Il ; des fureurs de la ligue, de la mort du bon Henri, des folies de la fronde, des plaisirs et des pompes de la cour d'Anne d’Autriche et de Louis XIV, et elles ont vu la monarchie croître, briller et tomber.

De toutes les peintures des temps déjà assez éloignés de nous, il ne reste malheureusement plus rien de celles dont le Primatice, le Rosso, Érard, du Breuil, Freminet, Janet, avaient enrichi les somptueux appartemens des reines du rez de chaussée du Louvre, [VII]