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LES JACQUES

Nos plus mauvais jours vont venir, dit Frappe-Fort. C’était vérité. Messire de Boisjoly s’épanouissait d’aise à terrifier les manants, dressant inventaire de ce qu’ils possédaient, menaçant de les faire rouer, pendre ou griller s’ils cachaient quelque dû. En même temps, il soufflait et suait à traquer d’amendes ceux qu’il surprenait au bord du bois, sous prétexte qu’ils y devaient chasser, à relever les journées de corvées qu’ils devaient au château depuis que, le seigneur se trouvant prisonnier, l’indolence de dame Agathe avait laissé tomber en quenouille les droits des Coucy à exiger les impôts de mille sortes que, sous le moindre prétexte, ils avaient pouvoir de revendiquer. Durant que s’activait ainsi messire de Boisjoly, le château de Coucy semblait s’éveiller de sommeil. Des appels de cor y retentissaient à tout instant, annonçant que sortait ou rentrait Enguerrand de Coucy escorté de ses enfants, de l’envoyé anglais et fort souvent de dame Jacqueline, rieuse et coquette à loisir. Au retour des promenades, des divertissements, des jeux de hasard ou d’adresse, quilles et palets, occupaient les heures précédant les très longs soupers. Repris d’une rage de chasse, aux abois de sa meute, à travers plaines et vallons, bondissait Harold de Coucy. Le laboureur arrêtait son sillon pour les écouter s’approcher, songeant qu’ils ravageaient le blé qui levait au champ du voisin - 92 -

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