s’écarter vivement, les sabots des chevaux menaçant de les piétiner.
— N’aurait-on point voulu croire, raillait Rouge le Bâtard quelques instants plus tard revenu dans la forge, que le noble seigneur était de retour de victoire plutôt que de captivité.
— Race sans pitié, répondit Frappe-Fort, nul revers n’abattra leur orgueil.
— Vis-tu ce chien d’Anglais empli d’insolence. Avec joie l’eussé-je défié en combat singulier. Il n’y faudra que Jacques Bonhomme peut-être pour bouter ces pirates hors de France.
Le lendemain, tandis qu’ils rompaient leur pain noir dans une écuelle de maïs, parut L’Agnelet bouleversé.
— Qu’arrive-t-il ? interrogea Frappe-Fort.
— Malheur sur nous ! répondit L’Agnelet, messire de Boisjoly passe en nos demeures, relevant ce qu’il nous faudra vendre, afin de remettre à l’Anglais la rançon qui doit lui être comptée.
— Que pourra-t-il te prendre, mon pauvre L’Agnelet ?
— Las ! las ! il me l’a dit, sera vendu mon champ et ma chèvre, mon seul bien ici-bas.
— Iniquité si grande est-elle permise ?
— Hélas ! tout est permis à qui prend tout. Orphelin, prétend-il, je suis sous tutelle de notre maître. Peut-être devrai-je partir combattre les Turcs. Pauvre de moi !