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LES JACQUES

elle maintes plaisanteries pour sa compagne, en s’en retournant. Près d’Enguerrand, couvert d’une armure brillante, se tenait roide et impassible, sa cotte de mailles recouverte d’un souple vêtement de soie molle, l’envoyé anglais qui devait remporter la rançon du prisonnier. Lorsque l’orgueilleux cortège parvint devant les murailles du bourg, des détonations retentirent se mêlant à des eris : — Vive Enguerrand III de Coucy ! C’était une innovation de messire de Boisjoly qui s’était posté de façon à ne point avoir à manier trop vivement sa monture, de crainte que son prestige à cheval ne fut une fois encore endommagé. A genoux, manants, criait-il du plus fort qu’il pouvait. Et se tournant prudemment vers les arrivants, il haussa la voix, voulant se faire entendre parmi le bruit : -Sire Enguerrand, notre seigneur, nous voici tous prêts à prouver notre loyauté et notre dévouement. Sans prendre garde à ce discours à peu près enseveli sous l’appel des trompettes, Enguerrand de Coucy, d’un regard froid de ses yeux d’un bleu très pâle, embrassa la foule noire de ses vassaux dont quelques-uns qui voulaient se faire voir s’étaient agenouillés au premier rang. Dédaigneux de répondre, il passa au milieu d’eux, qui durent - - 90 —

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