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LES JACQUES

verts d’un bonnet d’étoffe semblable que serrait, aux tempes, un serpent d’argent. Quelques hommes d’armes porteurs de lance et deux hérants soufflant dans leurs longues trompettes les escortaient. Pour le chapelain qui goûtait peu les prouesses équestres, il avait déclaré devoir attendre son noble maître au seuil du château afin de bénir son entrée. Et messire de Boisjoly ne se souciant guère de caracoler trop près d’habiles cavaliers, prit le parti de s’arrêter à la porte du Nord, pour veiller à ce que sire Enguerrand fut convenablement accueilli de ses vassaux. De si rares spectacles venaient éveiller les campagnes de leur léthargie, que la chevauchée fut contemplée comme agréable passe-temps de la plupart des paysans et que le village en entier se porta au-devant d’Enguerrand de Coucy. A une lieue de l’enceinte du bourg, les deux cortèges se croisèrent. Les héraults sonnèrent la bienvenue tandis qu’Agathe et Enguerrand de Coucy se saluaient de paroles courtoises. Le noble seigneur reçut ensuite le bonjour de ses enfants. Les deux frères se donnèrent l’accolade, très différents de stature et de traits, Harold noir et de brusques manières, Enguerrand hautain et froid sous un masque d’homme blond. Ce masque s’anima légèrement à la vue du joli visage de Jacqueline de Boisjoly qui jouait à merveille l’émotion confuse. Aussi Margaine de Coucy eut- - 89 -

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