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LES JACQUES

manants. Pourpre, suffoqué, messire de Boisjoly les foudroya d’un regard de colère. Quelques vivats épouvantés étouffèrent les rires, élevés par les timides qu’étreignait la terreur d’un châtiment.

Ayant vu et entendu, Grégoire revint toujours courant vers la forge.

— Notre sire Enguerrand sera bientôt de retour ! cria-t-il dès qu’arrivé.

Puis il conta la harangue du messager et celle de l’intendant.

— Notre fardeau va s’augmenter d’autant, dit Frappe-Fort.

— Nous paierons tout ensemble, riposta le soldat, sans expliquer de quel paiement il s’agissait.

Ce fut le deuxième jour qui suivit le message qu’Enguerrand III de Coucy se montra parmi ses vassaux. Sur le chemin du Nord, étaient partis à sa rencontre son frère Harold, surgi d’on ne savait quel repaire, Dame Agathe de Coucy, de languissant aspect, vêtue de gris sombre et coiffée d’une aumusse doublée d’hermine. Près d’elle, sa fille Liliane, plus blonde et pâle que sa mère, et son fils Enguerrand VII, chétif aussi et de mine sournoise.

Insolente de beauté, fière vêtue d’une robe ajustée de velours violet à grands dessins d’oiseaux, Margaine de Coucy portait sur ses tresses fauves un long voile enroulé, précieusement semé de perles. Jacqueline de Boisjoly se tenait à son côté, habillée de drap d’écarlate, ses cheveux bruns cou-

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