Page:Clar - Les Jacques, 1923.djvu/9

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Les Jacques

I

1358, époque de sombre destin du peuple de France.

La guerre de Cent Ans prenait haleine, après le désastre de Poitiers où le faible Jean le Bon et nombre de seigneurs s’étaient laissé tomber, tels rats dans un filet, aux mains de l’Anglais.

Désagrégées par l’arrêt de batailles qui s’inscrivent dans l’Histoire comme autant de défaites, privées de chefs prisonniers, les grandes compagnies éparpillaient sur le royaume leurs bandes désordonnées.

Sans solde, rançonneurs par besoin et par métier, se livrant encore, soit entre eux, soit contre les mercenaires anglais, à des escarmouches sanglantes, les rudes compagnons, mettant tout à mal sur leur passage, achevaient de plonger les campagnes dans un désespoir sans merci.

Ce que la Grand’Mort avait épargné traînait une lente agonie.

Pressuré du seigneur et du moine, rançonné du soldat, portant sur sa maigre échine leur triple fardeau, le paysan de ce temps maudit, exhalant sa peine, suait d’ahan, disait-il. Non seulement, il devait payer la dîme coutumière au couvent, au

— 7 —