Page:Clar - Les Jacques, 1923.djvu/87

Cette page n’a pas encore été corrigée
LES JACQUES

subsistaient chétivement de leur maigre casuel, et, tout comme la masse des vilains dont ils sortaient, devaient arracher à la terre une précaire récolte. Aussi le bas clergé se recrutait-il assez mal. Le curé de Coucy étant défunt depuis six années, presque aussi misérable que ses paroissiens, l’évêque de Laon n’avait point songé à pourvoir la cure d’un nouvel officiant. Quand Grégoire parvint devant l’église en ruines, contre laquelle s’accotait une grange, faite d’un toit et de six piliers où parfois s’installait un marchand venu de Laon, à moins que ce ne fut quelque baladin, l’apprenti forgeron aperçut qu’il n’était pas seul à s’être venu renseigner. Guillaume était là, avec Guillemette, et Pascal le métayer, et Gauthier le gardeur de porcs, et Adam le berger, et L’Agnelet qui se louait à la journée pour les travaux des métairies, et Jehan qui surveillait les bigres récoltant le miel destiné au dessert des sires de Coucy, et Pascaline la lavandière, et Pierre l’égorgeur, toujours empourpré du sang des bêtes qu’il saignait, et Benoist qui tournait la meule au moulin banal. D’autres encore, serrés tel un troupeau craintif. Et tous béaient à attendre ce qu’allait leur bailler le beau chevalier qui, sonnant de l’olifant, les avait rassemblés. C’était là le messager que frère Loys avait rencontré à la porte de Laon, le jour de son départ. A son côté, soufflant sur son cheval, gonflé de son autorité et risible tout autant, mes- - 85- -

— 85 —