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LES JACQUES

LES JACQUES Loyse fit bien. Elle fit bien, dis-tu, le sais-je ? Elle me prétendait plus utile qu’elle à nos frères. Utile, miséricorde ! Quelle dérision, à nous voir tous accablés de misère et d’affronts ! Et ce n’est point fini, sans doute. Tu vois, frère, que Loyse eut tort. Loyse eut raison. Frappe-Fort secoua la tête dans un geste de dénégation. -Loyse eut raison frère, reprit Rouge Le Bâtard. Quand faiblirait un bras de femme, un bras d’homme ne faiblira pas. Loyse attend de toi ce qu’en attendent tes compagnons. Hélas ! Regarde-les, Frappe-Fort. Ils sont plus craintifs que lièvre en plaine, l’ombre de là-haut leur est terreur, mais ils suivront celui qui leur dira : Venez ! et marchera devant eux, sans faillir. Ce ne sera pas moi qui deviendrai celui-là. Je doute de ma vaillance comme ferait un enfantelet. Tu trembles sous l’outrage, à la façon d’une bête frappée. Ne sais-tu pas que le plus timide devient un loup, au jour de la vengeance. De l’affront, bientôt, ne restera plus que la soif de l’effacer. Réveille-toi, frère, les temps sont plus proches peut-être qu’il ne semble. Le crois-tu vraiment ? Je le crois, répondit gravement le soldat. 83 -

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