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LES JACQUES

— Frère, supplia Loyse palpitante de cette lutte atroce dont la douleur lui faisait oublier son tourment, frère, je saurai souffrir vaillamment.

— Eh bien ? interrogea, impatiente, Margaine de Coucy, demandes-tu grâce ?

— Moi ?…

Les poings serrés, terrible de colère contenue, Frappe-Fort semblait frappé de folie.

— Frère, ne dis pas cela, dit Loyse.

— Éloi ! dit Margaine de Coucy, finissons ce jeu.

Tremblant à présent comme un enfant, d’une voix presque basse, le forgeron prévint le geste du bourreau.

— Pardon pour elle !

— Plie les genoux, ordonna Margaine.

— Frère, frère, s’écria Loyse éperdue, laisse-moi plutôt périr.

Mais déjà se courbant, tel un arbre terrassé, Frappe-Fort obéissait.

Loyse tordit ses bras liés. Des larmes qui n’avaient point coulé sur sa propre misère jaillissaient de ses yeux à contempler celui qui, pour elle, sacrifiait sa fierté d’homme libre, plus que sa vie.

Margaine de Coucy jouit un moment de son triomphe avant de répondre :

— J’accepte de te pardonner, agis donc promptement.

Sans un mot, à la façon d’un somnambule, Frappe-Fort commença l’horrible tâche. Il souleva

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