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LES JACQUES

— Jamais.

— Soit, je ne puis te forcer, tu es homme libre. Or donc, sors d’ici aussitôt.

— Qu’allez-vous ordonner ?

— Tu m’interroges, il me semble. Aurais-je à te rendre compte de mes actes de justice ?

— Pitié ! gémit le forgeron.

— Qu’attends-tu pour partir, interrompit glaciale Margaine de Coucy ? Que je te fasse chasser par mes varlets.

— Promettez-moi…

— Tu rêves, manant, quitte cette pièce à l’instant.

Margaine de Coucy fit un geste. Éloi s’avança d’un pas, allait poser sa large main sur l’épaule de la serve. Frappe-Fort regarda égaré autour de lui.

— Et si j’obéis, s’écria-t-il, sera-ce son seul châtiment ?

La noble demoiselle parut hésiter, savourant l’humiliation de Frappe-Fort, la souhaitant plus complète encore.

— Je ne devrais te répondre, mais je suis bonne, et si tu demandes pardon pour elle, puisqu’aussi bien tu partageas sa faute…

Penchée vers le forgeron, une joie féroce animant son visage, Margaine de Coucy éprouvait l’âpre plaisir de la chasse, quand la bête forcée tombe à merci.

Tête basse, Frappe-Fort se taisait, déchiré du combat qui se livrait en lui.

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