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LES JACQUES

Il fallut à Frappe-Fort un effort de volonté pour répondre, paisible :

— Ma sœur.

— Ta sœur, et comment la nommes-tu ?

— Loyse.

— Loyse ! ne serait-ce point une serve qui besogne ici, à de grossiers travaux d’étable et d’office ?

— C’est elle.

— La reconnais-tu ?

Du doigt elle désignait le fond de la salle vers lequel Frappe-Fort se tourna.

Une femme jeune, mais déchue par toutes les flétrissures du servage, se tenait debout, pieds nus, les mains liées, les cheveux rasés, à peine couverte d’une souquenille en lambeaux. Et derrière elle, une présence terrible que Frappe-Fort reconnut avec épouvante.

— Le bourreau ! songea-t-il.

La terreur le bouleversa. Pourtant, ne sachant encore où voulait en venir Margaine de Coucy, il se retourna vers elle d’un mouvement très lent. Leurs yeux se bravèrent, et Margaine, dont la rancune grandissait à ne point le voir souffrir encore, demanda :

è Est-ce bien là ta sœur ?

— C’est elle, répondit Frappe-Frot d’une voix plus sourde mais qui ne tremblait pas.

— J’en suis aise, répondit Margaine de Coucy, ainsi pourras-tu apprendre pourquoi tu ne la verras plus.

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