Page:Clar - Les Jacques, 1923.djvu/74

Cette page n’a pas encore été corrigée
LES JACQUES

Et dominant la roche, les piliers du pilori où se balançaient les victimes de la justice seigneuriale, exposées aux yeux de tous, afin de frapper de terreur l’imagination des manants, gibier de potence auquel le jugement de Dieu n’accordait point forcément réparation selon le droit et l’équité. Dans une des salles, dite salle des preux, des neuf statues de granit qui s’y dressaient, communiquant avec l’extérieur par un étroit escalier creusé dans la roche, se tenait habituellement les hôtes du château. La muraille représentait, à fresques, d’un côté une chasse au sanglier, de l’autre le départ du sire Enguerrand II pour la croisade. Au fronton de la monumentale cheminée, placée entre les deux fenêtres arrondies, le blason des Coucy. De lourdes tapisseries couvraient un panneau et cachaient les portes d’entrée. Un coffre sculpté faisait face à la cheminée, des sièges recouverts de housses brodées étaient disposés autour d’un haut fauteuil portant les armes de Coucy. Sur un de ces sièges se tenait ! Margaine de Coucy. C’était l’époque où la noblesse ayant rapporté de l’Orient le goût des ajustements voluptueux, abandonnait la ligne sévère et pure des modes barbaresques. Margaine de Coucy portait une cotte hardie de damas bleuté garnie d’hermine. Retenues à ses épaules par un mince bourrelet, des manches longues et flottantes laissaient à découvert - 72 —

— 72 —